Productrice à Zadig depuis 2004, Félicie Roblin est membre du jury « Impact », cette nouvelle catégorie du Fipadoc qui réunit les documentaires qui émeuvent, alertent, et sensibilisent à travers des sujets liés aux droits humains, à l’environnement et à la démocratie.
Pourquoi avez-vous accepté d’être membre de ce jury ?
C’est Christine Camdessus qui me l’a proposé car j’ai produit deux films qui ont eu deux retentissements : Le ventre de l’hôpital et La gueule de l’emploi. Le premier porte en effet sur un phénomène de société très particulier, car il montre que même chez les meilleurs, on souffre. En l’occurence ici il s’agit de l’Hôpital Saint-Louis. C’était aussi enrichissant de confronter mon regard à ceux des deux autres jurés, Marion Sibers et Noémie Benayoun. Car on a des parcours très différents. Je suis à la production de films, Marion à la médiation, et Noémie à la région pour justement aider certains projets de documentaires à voir le jour.
D’après-vous, qu’est-ce qu’un documentaire qui « impacte » ?
Dans l’absolu, on espère tous que nos documentaires vont impacter. Mais, un impact peut être très intime, cela peut aussi être un impact politique ou sociétal. Je pense toutefois que cela ne doit pas être le seul objectif du documentaire. On essaie de faire grandir l’appétence du documentaire. Et donc c’est une donnée qui est vraiment à prendre en compte. Surtout pour faire vivre le film au-delà d’une diffusion à la télévision, ou sortie en salles de cinéma. Dans la sélection, il y avait les droits humains, les droits des femmes, les droits aussi élémentaires de pouvoir être ce que l’on souhaite être. C’est bien que cela soit aussi large parce que cela permet de voir justement toutes ces catégories d’impact que cela peut avoir. On met aussi en lumière le nouveau métier de « producteur impact ». Et ce métier, c’est que d’un film, on arrive à avoir une vie pour pouvoir vraiment rayonner au maximum. L’idée étant que le documentaire ait le plus d’échos et de retentissement dans des sphères qui ne soient pas celles du cinéma ni de la télévision.
Vous qui avez déjà produit des films. Avez-vous des exemples de documentaires qui ont eu un tel retentissement ?
J’ai produit un documentaire qui s’appelle La gueule de l’emploi. Son impact s’était produit assez naturellement car il a fait parler de lui au-delà des pages de critiques de télévision. On était au début des réseaux sociaux par contre. Je pense que s’il était sorti aujourd’hui, un accompagnement sur les réseaux sociaux aurait été nécessaire. L’idée c’est vraiment qu’on réfléchisse en amont à l’impact potentiel du film, et qu’on cherche des partenaires, des financements de fondation. C’est ça, le métier de producteur-impact. Là, on était l’année zéro de la sélection « Impact ». On avait des films qui dataient d’il y a quatre ou cinq ans. D’autres qui ne sont pas encore sortis. Donc on n’est pas pas là pour mesurer l’impact qu’ils avaient eu. Mais on était là pour mesurer en tant que film, l’impact qu’il pourrait avoir par rapport à ce qu’il relayait. C’était des films engagés, pour certains très forts émotionnellement. Des documentaires qui ne laissent pas indifférents.
Chacun des films de la sélection « Impact » ont au moins un point commun, celui d’être ancré dans la dénonciation…
Ce n’était pas des films militants au sens premier du terme. Mais c’était des films qui restaient honnêtes dans la complexité de représenter le fait de se battre pour une cause. Dans cette catégorie, j’ai aussi l’exigence de trouver des films qui ont un plus. Il y a de la dénonciation. Mais pas que. Il y a aussi un point sensible, ce que je trouve primordial. Cela serait dommage que la sélection « Impact » ne se limite qu’à une dénonciation militante.
Propos recueillis par Caroline Robin
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