Noémie Benayoun : « le meilleur film est celui qui concilie art et engagement »

Dans la vie, elle est responsable création production diffusion à l’Alca Nouvelle-Aquitaine (agence livre, cinéma et audiovisuel). Cette semaine, Noémie Benayoun est membre du jury « Impact », cette nouvelle catégorie créée pour la première édition du Fipadoc. En partenariat avec le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), ce jury récompensera un film traitant d’un sujet lié aux droits humains, à l’environnement et à la démocratie.

D’après vous, qu’est-ce-qu’un documentaire qui « impacte » ?

Je pense que tout film a forcément un impact sur son spectateur. La spécificité de cette sélection, c’est de prendre des films qui ont des propos très forts. Ici, on parle de revendication, de militantisme, d’activisme. Un film qui impacte, c’est aussi que c’est un film porté par un réalisateur, qui par sa vision du monde et sa réflexion, va nous faire réfléchir autrement. La question de qui fait le film et quel est son regard porté sur le monde est primordiale.

Pourquoi avoir accepté d’être membre du jury « Impact » ?

C’est une forme de reconnaissance, c’est toujours extrêmement intéressant de confronter mon regard avec celui des autres membres du jury. On est chacune issue de milieux professionnels différents. Marion Sibers travaille dans la médiation et Félicie Roblin dans la production de films. Ce qui est intéressant dans cette catégorie, c’est qu’elle est nouvelle. C’est un engagement dans une nouvelle compétition, et c’est toujours bien d’être au départ d’une nouvelle aventure.

En quoi consiste votre travail à l’Alca Nouvelle-Aquitaine ?

Je suis dans le département cinéma et audiovisuel. Je suis chargée plus spécifiquement de la création, de la diffusion des films, en particulier accompagner les professionnels et les acteurs dans le suivi de leurs projets et dans leur milieu. Je m’occupe des aides régionales dédiées au documentaire. L’idée c’est d’accompagner tout le parcours d’un film.

Combien de demandes de subventions recevez-vous en moyenne par année ?

On peut recevoir 300 dossiers par an. Et donc 300 dossiers qu’il faut gérer avec des conditions professionnelles qu’on met en place. Sur la région, il y a une trentaine de sociétés de production avec qui on est en lien très régulièrement. Et pour faire le lien au Fipadoc, on a un accompagnement spécifique sur l’émergence, on met en place au Fipadoc les premiers films en région, c’est les pitchs qui ont eu lieu hier. Cela permet aux producteurs et réalisateurs de faire leurs premiers pas dans le monde professionnel.

Chaque film de la sélection « Impact » manifeste un engagement assumé. Tous dénoncent une réalité du monde dans lequel on vit. Pensez-vous qu’il existe une limite dans la dénonciation quand on réalise un documentaire ?

Je crois qu’il n’y a pas de limite dans ce qu’on peut dénoncer, mais une limite dans comment on le fait. Il s’agit de penser à comment transmettre les valeurs. Mais surtout comment on parle des femmes et des hommes. Et pour cela, il ne pas faut négliger la dimension artistique. À titre personnel, je crois que le meilleur film, c’est celui qui parvient à concilier art et engagement.

Caroline Robin