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Voyou un jour, voyou toujours

Etudiante en master de documentaire de création à Lussas, en Ardèche, Maïlys Audouze avait sûrement son sujet de court-métrage en tête depuis longtemps. Elle revient en effet sur la vie de son père, Pascal, et son passage en pénitencier pour enfants entre ses 15 et ses 18 ans.

« C’est à ce moment-là que je suis devenue un paria »

Il a douze ans quand il tabasse celui qui l’avait balancé, à tort, pour avoir brûlé une grange voisine : « Je savais que ce que j’allais faire aller m’envoyer en prison ». A la lueur d’une lumière tamisée et face à sa fille qui le relance et ne cesse de lui poser des questions, Pascal, une bière à la main, se raconte : son enfance, ses amours, ses enfants. On rigole beaucoup, Pascal est très touchant : il se dévoile en père aimant qui ne veut pas que ses enfants suivent sa voie. Sur les traces de ces trois ans qui ont changé sa vie, Maïlys Audouze cherche son héritage et ses origines. Porte après porte, couche après couche, elle découvre la vie de son père au travers notamment de ses tatouages, des électrochocs au pénitencier ou d’un retour sur ces lieux du passé, oublié et vide, où erre une figure qu’il aurait préféré oublier.

Tout au long des trente-cinq minutes que dure le court-métrage, on comprend que Pascal reste voyou dans sa mentalité ; « c’est moi » avoue-t-il à sa fille. Au-delà du personnage et de son témoignage, le film questionne plus largement ces lieux de torture qui ont traumatisé des dizaines d’enfants.

Dans la catégorie « Jeune création » du Fipadoc – édition 2019, Maïlys Audouze invite ses spectateurs à entrer dans son intimité et réussit à faire passer un message universaliste qui a ému ; celui de la transmission, au-delà de la morale. Sorti en 2017, sa jeune réalisatrice fait depuis la tournée des festivals et on ne sait pas encore s’il sera diffusé pour un plus large public.

A. Thibault

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