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La Bestia : les Beaux et la Bête

Après Pallasseum en 2016, sur les villes invisibles, le jeune réalisateur germano-croate Manuel Inacker, 30 ans, signe un court-métrage sous haute tension sur la problématique des migrations au Mexique.

Il porte un gilet à capuche rouge, on voit simplement son torse et sa tête. Il est face à la caméra et semble nous jauger de là où il se trouve. L’homme est jeune, la vingtaine, pas plus. Il a les yeux déterminés. Un train défile bruyamment derrière lui. Le début du court-métrage intitulé La Bestia – Train of the unknowns dure dix secondes, il paraît en suspension pendant des milliers. On aurait presque envie de tomber dans le regard de cet homme pour en savoir plus que ce qu’a bien voulu esquisser le réalisateur. On apprendra plus tard qu’il s’appelle José Manuel Villalobos et qu’au-delà de migrant hondurien, il est aussi célibataire, comme il aime si fièrement à se présenter lui-même. Avec d’autres, il fait partie de ces jeunes gens – pour la plupart des hommes – qui restent souriants malgré leur sort et la fatalité de ce qui les attend.

En toile de fond, une maison. Temporaire, la Casa del Migrante San Juan Diego, à Huehuetoca, est un refuge pour ces centre-américains qui ont fui leur maison et leur famille dans l’espoir vain de trouver mieux ailleurs, aux Etats-Unis pour une majorité. Un écriteau orne le mur de la salle-à-manger : « No hay muro capaz de contener los sueños » (aucun mur ne peut enfermer les rêves), des mots qui ont un écho cruel avec l’actualité.

Des paysages muets à couper le souffle

Des plans larges où aucun détail plus qu’un autre ne retient l’attention ; une « simplicité narrative » selon un spectateur, qui n’enlève cependant rien ni à la beauté du film, ni à la dureté du sujet. Des paysages désertiques ; une tragédie qui se déroule à seulement quelques kilomètres de la capitale mexicaine. La Bestia – Train of the unknowns de Manuel Inacker n’a pas eu besoin de musique pour nous faire frissonner et espérer, tout comme les héros de son documentaire. Le simple bruit du train, constamment présent, tantôt assourdissant, tantôt sourd, a suffi.

« Vaya la Bestia » (Voilà la Bête), un cri qui résonnera longtemps dans le cœur des spectateurs présents cet après-midi, salle Gamaritz à la gare du midi.

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