Après sa sortie en France en 2017, le documentaire de Theresa Traoré Dahlberg devrait sortir en DVD en mai 2019. Il dresse le portrait de six jeunes burkinabées et leur vie dans le travail, leurs attentes et leurs déceptions.
« Quels sont tes rêves ? » demande la psychologue à Bintou. La jeune femme veut être artiste, chanter et réaliser sa volonté d’être chanteuse. Comme elle, cinq autres jeunes femmes se battent au quotidien contre leur condition au Burkina Faso. Leur parole se livre dans leur conversation face à la psychologue. Chantal, une femme au visage et à la voix doux, des élastiques rouges dans les cheveux, confesse ses cauchemars dans lesquelles, toutes les nuits, elle « tombe et pleure ». Sur le mariage, une autre annonce qu’elle a « déjà pris [sa] décision » : en tant qu’aînée, elle ne peut abandonner son métier pour un homme. Une autre encore a eu une fille, Samira, qu’elle aime par-dessus tout mais qu’elle regrette d’avoir eu si jeune.
Balboné, Dina, Chantal, Rose, Bintou et Mounira.
Après être arrivées en vélo avec leurs bleus de travail, elles se retrouvent autour d’une voiture. En ponçant, en décapant la carrosserie au chalumeau, elles rigolent quand elles doivent la déplacer à bout de bras, elles discutent de leur dilemme entre l’école et l’argent, elles se coiffent et chantent. En classe, quand elles ne travaillent pas au garage, elles discutent de l’histoire du pays, de la langue, de lectures. Elles évoquent une femme qui a un enfant mais le regrette. Qu’aurait-elle dû éviter ? « L’alcool » : la salle rigole.
En parallèle, la réalisatrice met en place une espèce d’engagement politique dans lequel, par une voix off, radiophonique ou diffusée à la radio, est fait état du pays, la pauvreté de ses habitants, l’approche des élections présidentielles et législatives. Spoiler, en 2014, Blaise Compaoré sera finalement battu après trente ans au pouvoir. En toile de fond, le sujet politique apparaît déconnecté de la vie de ces femmes : un camion passe près de Chantal et s’éloigne, comme si les femmes étaient un sujet oublié et négligé. On pourra regretter l’absence de la réalisatrice et de nombreuses questions qui restent en suspens.
Aurore Thibault
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