Au Fipadoc de Biarritz, la salle du cinéma Royal est remplie. Les spectateurs sont nombreux à s’être déplacés pour regarder le documentaire de Sandrine Rigaud, journaliste à Cash Investigation, sur les « Promesses en plastique de Coca-Cola ». Une enquête explosive sur les pratiques désastreuses des industriels en matière d’environnement.
Chaque seconde, une tonne de plastique finit dans les océans. C’est l’information choc qui introduit ce reportage. Comme à chaque fois, l’équipe de Cash Investigation cherche la petite bête et la trouve. Elle révèle au grand jour les affaires que nos élus et industriels dissimulent. Dans ce numéro, Coca-Cola, qui sous ses airs progressistes – l’entreprise promets un monde sans déchets en 2030 – cache une politique interne qui lui permet de se dédouaner des dommages environnementaux que causent ses bouteilles en plastique.
Culpabiliser le consommateur pour mieux s’en sortir
Sandrine Rigaud montre durant l’enquête le double-jeu que mène Coca-Cola : culpabiliser le consommateur pour une pollution dont il est l’instigateur. La marque produit des milliers de déchets – on estime à plus 3 400 le nombre de bouteilles plastiques produites par seconde par la multinationale – qui finissent même dans les eaux les plus profondes, empoisonnant la faune et la flore.
Pourtant, selon Coca-Cola, si l’on retrouve des étiquettes de la marque dans les intestins des cétacées, c’est de la faute du client. Pas la leur. La toute-puissante enseigne rouge et blanc, mène des campagnes publicitaires en ce sens, derrière l’organisation « Keep America Beautiful » et le célèbre clip des années 50, montrant un Amérindien découvrant le paysage pollué par des américains en voiture.

Bien sûr, il faut sensibiliser le citoyen, mais si l’entreprise elle-même ne se remet pas en question, il est impossible de sortir de ce cercle vicieux qu’est la destruction de notre écosystème. Coca-Cola a conscience du grave impact écologique qu’ont ses contenants depuis les années 50. Et pourtant. Malgré l’alternative « plus écologiques » des bouteilles en verre, l’aspect économique a pris le dessus.
Des lobby écologiques pour lutter contre le plastique
Face à cela, des associations et sociétés réagissent. A Biarritz, c’est le cas de SurfRider Fondation Europe, créée dans la ville basque il y’a presque trente ans. Contre la pollutions des côtes, une sensibilisation des citoyens mais également un travail sur les normes législatives pour conditionner l’activité des industriels. Ainsi, les lobbys écologiques participent à l’élaboration des lois, aussi bien à l’Assemblée Nationale qu’au Parlement Européen. SurfRider prend part régulièrement à ces groupes de travail comme l’explique Sabine Hourcade, responsable communication. Elle cite par exemple « la grande victoire sur la stratégie du plastique à usage unique » remportée à Bruxelles. Pour eux il est important de « réduire les déchets à la source ».

« Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas »
SurfRider, qui a été contacté par Cash Investigation, nous l’assure. « Il est essentiel de réduire les déchets à la source ». Alors, l’impact et la diffusion de ce type de documentaires sont primordiaux. Quand Sandrine Rigaud nous emmène en Tanzanie voir les plages polluées et les gens qui (sur)vivent dans cette pollution, gravissant des montagnes de bouteilles usagées, personne ne reste indifférent, et c’est le but. Surtout que le phénomène est global. A Biarritz, Iker Castege, directeur du Centre de la mer à Biarritz, évoque une « répercussion très marquée au niveau local».
Au-delà du plastique, la micro-pollution et le réchauffement climatique ont un impact direct sur les rives de la région. « On le mesure à tous les niveaux. Un exemple d’espèce qui a disparu des environs depuis plusieurs années c’est le pingouin : de très nombreux spécimens venait au coeur de l’hiver dans les années 80 ». Iker Castage parle d’un patrimoine écologique « qui se détruit peu à peu ». Il faut que le public, citoyens, entreprises et élus « prennent conscience de ce patrimoine pour mieux le protéger ».
On a beau chercher des alternatives, comme le dit SurfRider : « Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas ».
M.BOYER
Le documentaire est disponible sur France 2 et la chaîne youtube de Cash Investigation.
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