John & Yoko : Above us only sky décortique une tranche de la vie de couple de John Lennon et Yoko Ono, celle de l’élaboration de l’album Imagine, en donnant la parole à ceux qui ont vécu le moment. Quitte à vouloir en aborder tous les aspects.
Crédit : ScPoBxFipadoc2019
Le film John & Yoko : Above us only sky, de Michael Epstein, déjà diffusé sur Channel 4 et prochainement diffusé sur Arte a ouvert cette grande première du Fipadoc. Il retrace l’histoire du mythique album solo de John Lennon, Imagine de son élaboration à sa sortie en 1971. Le film mêle des images d’archives personnelles – des centaines d’heures de rushes ont été restaurées – à des témoignages face caméra des proches de John Lennon et de l’intéressée. Le film débute par une session d’enregistrements de l’album Imagine, les quelques plans en écran divisé rendant le montage plus dynamique, enrichis d’anecdotes personnelles des proches de l’artiste. Comme cet ami qui raconte que l’ancien Beatles avait « en tête » l’album avant même d’en avoir écrit les paroles.
Un couple engagé saisi dans son intimité
La force du documentaire est de s’extirper de ce dispositif quelque peu contraignant et redondant d’archives et d’interviews. Car bien vite, la session d’enregistrement de l’album n’est plus qu’un prétexte pour aborder d’autres facettes de la vie du couple d’artistes. Leur vie à Tittenhurst, dans la campagne anglaise du Berkshire, loin de la foule déchainée du Swinging London et de ses groupies dévastées, suite à la séparation des « quatre garçons dans le vent ».
Eloigné du tumulte de Londres et du monde, le couple n’en reste pas pour le moins engagé. La pensée du chanteur est imprégnée des idées de sa compagne. On les voit partageant la scène lors d’un concert pour la paix à Toronto. Des sons résolument pacifiques de l’album comme « I don’t wanna be a soldier Mama » habille les images de la guerre du Vietnam entremêlées aux mouvements qui la combattent et plus généralement qui conteste l’ordre établi. Le documentaire réussit alors à capter le Zeitgeist de cette fin des années 1960 dont Yoko et John furent des porte-voix. Mais l’influence de l’artiste nippone ne s’arrête pas là. C’est en réalité tout le processus créatif de l’album qui porte la marque de l’autrice de Grapefruit. Et quant à la chanson éponyme de l’album, « manifeste utopique des mouvements progressistes » … « C’était ses mots », ceux de Yoko Ono, confie Dan Richter, assistant de John Lennon.
Petite ombre au tableau : le film pêche peut-être par excès de générosité. Résultat : certaines thématiques ne sont qu’effleurées par le petit bout de la lorgnette. C’est notamment le cas du rejet des fans des Beatles et plus généralement de la population anglaise à l’égard de Yoko Ono, surnommé par un journal anglais La dictatrice de John Beatle. De même que son enfance, éludée en quelques minutes seulement. A vouloir explorer chaque piste, le documentaire finit presque par en dire trop ou pas assez.
Jordan Dutrueux
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